Chalut, ch'est moi.

Adanedhel réfléchissait. Allongé au bord de l’eau, étendu dans l’herbe, se dorant la fourrure au petit soleil de Martolo, l’Ecaflip était en pleine réflexion.
Il se gratouilla négligemment le museau : il n’était pas vraiment pressé de se mettre au travail. Il avait en effet, hérité d’une forte somme d’argent de son père, et il n’était guère dans le besoin. Une situation idéale pour se prélasser au soleil le matin, faire la sieste l’après-midi et se coucher tôt le soir.
Sa vie n’était pas vraiment aventureuse, et Adanedhel ne demandait rien d’autre. S’il s’était converti au culte d’Ecaflip, c’était par pur hommage à son père et il était plus occupé à pêcher qu’à expérimenter ses talents.

Adanedhel lissa ses moustaches, qui vibrèrent, signe que quelque chose le contrariait. Car voilà, faire peu de chose, être libre de faire ce qu’on veut, c’était bien. Mais il lui manquait quelque chose, sans doute le caractère instable de son père ressurgissait en lui. Adanedhel prit un goujon dans son sac, et le mâchouilla pensivement.
Ses questions restaient toutes simples : qui suis-je ? Où vais-je ? Il hocha la tête pour lui-même, cracha une arête qu’un Piou évita de justesse en jurant. Qui il était, ça il le savait bien. Il était Adanedhel, un des deux fils de Zotz, qui était devenu Ecaflip en hommage à son père et s’adonnait à la pêche.
Voilà toute sa vie en résumé. Il avala de travers. Au moins, son frère était plus actif que lui, même si être le frère d’un criminel brakmarien n’était pas l’idéal de fraternité.

Adanedhel cracha les dernières arrêtes de poissons, prit son sac sur son épaule et parti en direction du château d’Amakna. Son père… il contait bien suivre ses traces, mais ce qu’il en avait découvert ne l’inspirait pas : tantôt criminel, tantôt séducteur, détesté par certains, aimé par certaines.
Adanedhel se gratta pensivement l’arrière-train, ce qui horrifia une Eniripsa qu’il venait de croiser. Il évita soigneusement le marché de poissons, ayant repéré l’étal de Maur Hue la poissonnière, une Iopette sentant le poisson, pas vraiment attirante et qui le draguait sans arrêt. Il ralentit le pas pour regarder d’un œil expert un groupe d’aventurières, dont deux Ecaflipettes, en tenue légère, Ulgrude nous gratifiant d’un temps chaud.
Draguer, séduire, voilà bien un trait qu’il partageait avec son père, en plus de la superbe queue en poils doux (à l’arrière, n’allez rien imaginer). Les conquêtes du paternel se comptaient par dizaines, et Adanedhel comptait bien faire pareil.

Il plissa le museau. Pourtant, son père avait brusquement arrêté ses conquêtes après avoir connu sa mère. Adanedhel se gratouilla pensivement le museau : l’amour, une chose bien étrange pour lui. N’empêche qu’avec cette réputation, des rumeurs folles couraient sur l’identité de sa mère. On parlait de certaines mercenaires, des noms comme EtoiledeMai, Ninette couraient, ou même des noms comme Allisteria étaient cités. Cela le fit sourire, ce qui fit rougir une Feca passant au même moment, croyant que le sourire lui était adressé.
De toute façon, ça l’arrangeait bien ses rumeurs, cela impressionnait toujours les gens un peu de mystère.

Adanedhel entra au château d’Amakna contrarié, sans s’être fixé un nouveau but. Une maison à l’enseigne bleue attira son attention. Il poussa la porte, et fut inondé par l’ambiance qui y régnait. De nombreux aventuriers discutaient, mangeaient, et même des Ecaflipettes à sa plus grande joie.
Il apprit que c’était un restaurant nommé Famakna Food. Après diverses discutions, il apprit son fonctionnement mais aussi que le restaurant cherchait des serveurs. Adanedhel réfléchissait activement. Cela pouvait être une opportunité pour connaître du monde, et une petite voix au fond de lui ajouta : « et des filles », et aussi exploiter son activité de pêcheur. De plus, pour le moment, il n’avait aucun autre projet. Adanedhel hésita, il se gratouilla le museau, pesant le pour et le contre.
Alors qu’il s’apprêtait finalement à partir, il sentit qu’on le tapotait dans le dos. Il se retourna et une des Ecaflipettes lui adressa un sourire timide et tellement adorable.
« Vous partez ? » Une pointe de déception perçait dans sa voix. « Et moi qui espérait mieux vous connaître. »
Adanedhel lui sourit, et s’assit à côté d’elle.
« Mais… Je ne vais nulle part. »

Magnifique !
Chaton, on va devoir partager les clientes !

Génial

(En espérant qu'il restera tout de même des clientes ^^)